Derrière le clergyman, un cœur humain

Un mot du Père Baldo Alagna à l'occasion du décès du Père Matteo, 35 ans.

Ces jours-ci, le suicide du prêtre italien du Diocèse de Novara, le père Matteo Balzano nous a profondément touchés. Un jeune prêtre, apparemment plein de vie, aimé, engagé dans la communauté, qui a choisi le silence tragique d'un presbytère. C'est un coup dur pour nous tous, prêtres, mais aussi pour toute l'Église, peuple de Dieu. Un cri que nous ne pouvons ignorer.

Je suis prêtre depuis des années, et j'ai cheminé avec de nombreux frères dans le ministère, entre feux de joie, belles expériences, burn out et déserts intérieurs. Oui, car il faut le dire : le ministère sacerdotal est merveilleux, mais aussi fragile, profondément humain.

Derrière le clergyman, il y a un homme. Un fils. Un frère. Un cœur, et puis un père !

P. Matteo, avant de nous quitter, confiait à un paroissien : « Personne ne connaît l'enfer qui l'habite. » Ces mots sont vrais, douloureusement vrais. Et nous ne pouvons pas faire comme si de rien n'était. Le prêtre n'est pas un super-héros. Il n'est pas un dispensateur automatique de grâces ou de sacrements. Il n'est pas un résolveur universel de conflits et de problèmes. Il ne guérit pas toutes les maladies. C'est un homme appelé par Dieu, qui lutte chaque jour pour rester fidèle… à Dieu, aux autres, à lui-même.

Et pourtant, combien de jugements, combien d'accusations gratuites, combien de solitude. Combien de sourires masquent des nuits obscures, dans l'attente d'une parole vraie, d'une étreinte fraternelle, d'un moment d'écoute sincère.

Chers fidèles, ne nous laissez jamais seuls, nous les prêtres ! Ne nous idéalisez pas, mais aimez-nous. N'attendez pas la perfection, mais accompagnez-nous. Demandez-vous : « Qui prend soin du prêtre en tant que personne, et pas seulement en tant que fonction ? ».

Chers confrères prêtres, il ne suffit pas de célébrer ensemble ou de partager une affiche. Nous devons nous regarder dans les yeux, parler cœur à cœur, confesser nos difficultés. La fraternité sacerdotale n'est pas un luxe : elle est notre salut. Personne ne se sauve seul. Si l'un tombe, nous trébuchons tous. Si l'un est perdu, nous devons tous le chercher.

Chers évêques, nous avons besoin de vous non seulement comme supérieurs ou managers, mais aussi comme pères et frères. Les directives ou les permanences ne suffisent pas. Nous avons besoin d'un regard qui descende au cœur, qui sache demander : « Comment allez-vous vraiment ? »… Matthieu montre qu'il y a des prêtres fatigués, épuisés, déçus, découragés, qui ont besoin d'être écoutés et d'un espace sûr pour guérir.

Et pourtant, frères et sœurs, malgré tout, je veux aujourd'hui témoigner d'une joie profonde : le Christ est avec nous ! Même dans la nuit, même dans l'épreuve, même quand tout semble s'effondrer, le ministère sacerdotal est un trésor précieux. Je ne l'échangerai contre rien au monde. J'ai vu des vies renaître, des cœurs guéris, des jeunes enflammés par l'Esprit, des communautés transformées par l'Eucharistie. J'ai pleuré devant l'autel, certes, mais toujours avec la certitude que mon nom est inscrit au ciel

C'est une belle occasion de prier pour les prêtres. De nous aimer davantage. De ne pas attendre que le drame nous réveille. Mais surtout, je vous le demande : devenons tous les gardiens les uns des autres. Comme mon frère, P. Pasqualino Di Dio l'a écrit : soyons les gardiens les uns des autres. Ce n'est qu'ainsi que l'Église pourra briller de cette véritable lumière qui jaillit de nos blessures transformées en grâce.

Père Matteo, merci. Par ta vie – et par ta mort – tu nous as rappelé combien il est important de prier pour que le Père « envoie des ouvriers à sa moisson » et que personne ne puisse rester indifférent à la nécessité de leur engagement missionnaire et de leur attention, même face à la fragilité d'un prêtre. Tu es désormais dans le cœur du Père. Intercède pour nous. RIP.

P. Baldo Alagna

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